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Catégorie: Agricole
Type de paysages: Le paysage agricole du Kamouraska
Découvrez l'histoire de la formation du paysage agricole du Kamouraska
en explorant:
- les impacts des conditions naturelles
- l'influence des activités de production
- le rôle des voies de communication
- l'héritage des valeurs traditionnelles
Le paysage domestique agricole est un milieu naturel façonné par l'homme en fonction de ses besoins de production.
Au Kamouraska, il existe deux types caractéristiques:
-les paysages domestiques riverains, plus anciens, qui s'étirent le long du fleuve sur les premières concessions de terre des seigneuries de la fin du 17e siècle et au cours du 18e siècle.
-les paysages domestiques de l'intérieur des terres, dont les concessions de terres se font au cours du 19e siècle, et où les terres agricoles n'ont plus le front de mer caractéristique de la première phase d'occupation du territoire.
Comment se sont construits les paysages domestiques
du Kamouraska ?
Un paysage domestique évolue au fil du temps, mais sa forme première est d'abord modelée par les premiers arrivants.
Les premiers établissements domestiques se trouvent sur les basses-terres du littoral. Les seigneuries fondées en bordure du fleuve découpent petit à petit le territoire en rectangles allongés donnant ensuite naissance aux rangs d'habitation.
Cette morphologie n'a rien d'étonnant et de particulier, elle est semblable à celle des autres vieux terroirs riverains.
Habiter une concession, c'est: la défricher, la cultiver et s'y construire.
Habiter une nouvelle terre, c'est l'importance de choisir l'emplacement et l'orientation de la maison, des dépendances et du potager.
Habiter une nouvelle terre: c'est d'abord et avant tout savoir se servir des avantages du lieu. Aujourd'hui, on choisit un emplacement en fonction de ses services, de la beauté du paysage et de l'ensoleillement. La logique était la même autrefois, mais les besoins étaient simplement différents.
Conditions naturelles: Les logiques d'établissement
Accidents naturels
On s'établit de préférence au pied des escarpements rocheux pour s'abriter des vents dominants.
Nature du sol
Les terrasses ou la proximité d'un cran rocheux assurent une plus grande solidité du terrain pour la construction que les terres basses argileuses et instables. De plus, on préserve ainsi l'étendue de terre arable pour les cultures.
Proximité de l'eau potable
On a avantage à se construire près des sources d'eau potable, souvent abondantes et de meilleures qualités à proximité des crans rocheux qu'en plein champ.
Orientation
Pour profiter d'un maximun d'ensoleillement la façade longue de la maison doit faire face au sud. La maison offre ainsi ses murs latéraux plus étroits aux vents dominants d'ouest et de nord-est.
Tout comme pour le choix du site de l'habitation principale, l'emplacement des dépendances et le choix des sites d'un potager ou d'un verger correspond lui-aussi aux mêmes logiques d'établissement.
Les dépendances sont construites en périphérie de l'habitation principale, parfois même des deux côtés du chemin public qui passe au devant de la maison.
Les potagers et les vergers sont situés dans des coins abrités.
Ce qui nous semble aujourd'hui une évidence est en fait un chemin sinueux ponctué d'essais et d'erreurs. Il a fallu construire, détruire, reconstruire, déplacer et recommancer à nouveau parfois pour enfin pouvoir dire que « la leçon du pays est bien apprise ».
Voies de communication: L'évolution du paysage domestique agricole est intimement relié au développement des voies de communication.
À chaque ouverture d'un nouveau chemin ou d'une route de colonisation: le développement des échanges est susceptible de modifier le paysage.
Des maisons s'établissent le long des voies tracées, d'autres sont dépacées pour profiter au maximum des avantages qu'elles procurent.
L'attrait pour les échanges est majeur.
Le rôle des voies de communcation dans la formation du paysage est manifeste d'une époque à une autre, de la voie navigable, à l'autoroute moderne, en passant par le chemin paroissial et la voie ferrée.
Les premières routes terrestres
Jusqu'à la fin du 18e siècle, la zone riveraine est desservie par la voie navigable du fleuve et par un chemin dont le tracé suit les rives. Ce dernier, inondé aux hautes marées, est souvent impraticable ce qui rend difficile les communications entre les habitations.
Dans un nouveau contexte économique, pour intensifier les échanges, mais aussi pour raffermir ses liaisons sur le territoire, le gouvernement du Bas-Canada entreprend au tournant du 19e siècle d'importants travaux de voirie. Plusieurs nouvelles voies seront tracées, d'autres seront corrigées. Le tracé du « chemin du Roi », la première voie publique officielle viendra modifier le paysage à certains endroits.
Le déplacement d'un chemin public
Le premier "chemin du Roi", qui borde le fleuve est souvent inondé et se dégrade suite aux infiltrations dans le sol . Ce tracé ne pouvant permettre la construction d'un chemin stable, les corrections se font à plusieurs endroits.
À Saint-André, par exemple, dans la section est de la paroisse on choisit de faire passer la route de l'autre côté des crans rocheux et des terrasses naturelles, délaissant ainsi la proximité du rivage. L'impact est majeur pour les habitations contournées. De nombreuses maisons seront relocalisées avec le temps, parce que les habitants sentent le besoin de se rapprocher du chemin public. On peut voir sur une carte de Joseph Bouchette le tracé officiel des routes terrestres en 1831, de Sainte-Anne-de-la-Pocatière à Saint-André.
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Activités de production: Comment l'homme modifie-t-il le milieu naturel ?
Au fil du temps, une étroite relation se crée entre les conditions naturelles et les pratiques de culture. Il faut domestiquer la nature, la conquérir mais aussi savoir utiliser les moyens qu'elle nous donne pour profiter de ses avantages. Les terres concédées sont défrichées, déboisées et dessouchées pour obtenir de la terre labourable. On préserve aussi des parties boisées pour utiliser leurs ressources pour les travaux courants; le bois de chauffage et les pieux de clôtures par exemple. Un savoir-faire se développe petit à petit. On met à profit la nature des sols, on utilise les ressources pour en tirer les meilleurs avantages, chacune d'entre elles trouve sa vocation et sa raison d'être.
La forme allongée des parcelles, les brises-vents, les érablières, les cèdrières sont des pratiques d'exploitation qui ont donné naissance à un paysage agricole typique.
Les activités modèlent le paysage et certaines des pratiques observées ont donné un aspect particulier au paysage agricole du Kamouraska:
-les pêches à anguille
-les clôtures de pieux de cèdre
-les murs de pierres
-les brises-vents
-les aboiteaux
L'aboiteau du Kamouraska
L'aboiteau de la région du Kamouraska est une construction peu banale et fait maintenant partie intégrante du paysage.
À Saint-André de Kamouraska par exemple, les villageois l'ont intégré à leur mode de vie en aménageant de petits ponts pour un accès facile.
Dans le secteur de la Pocatière et de Rivière-Ouelle, une partie de l'aboiteau est aménagé depuis peu pour que les cyclistes de la route verte puissent longer le littoral et contempler les paysages riverains.
Valeurs symboliques: Le monde rural d'autrefois laisse paraître vis-à-vis la maison, les dépendances, le potager et le verger une fierté toute particulière.
Rendre le paysage domestique attrayant est une préoccupation qui dénote une sensibilité pour les belles choses.
Mais quels sont les petits éléments du paysage domestiques, hérités d'autrefois, qui créent une ambiance particulière dans notre environnement ?
Il y en a toute une panoplie:
-les ensembles domestiques traditionnels avec une maison et des dépendances bien entretenues
-les champs entourés de clôtures de pieux ou de haies végétales
-les potagers et les vergers
-les fleurs d'ornements
-les arbres et arbustes
Tous ces éléments créent un paysage domestique unique au Kamouraska. Aujourd'hui, on transforme nos paysages en oubliant de s'inspirer du milieu et d'utiliser ses propres ressources.
S'inspirer du passé, ce n'est pas refuser la modernité:
''Il y a des changements qui dénaturent la qualité paysagère,
d'autres qui contribuent à créer de nouveaux
paysages contemporains."
(La Charte paysagère. Fédération des parcs naturels régionaux de France.)
Enjeux et mesures d'amélioration: Des mesures d'amélioration et de conservation doivent être prises pour protéger et mettre en valeur nos paysages humanisés.
La concertation doit se faire dans tous les milieux: citoyens, institutions, entreprises, municipalités.
L'enjeu est collectif.
La sensibilisation de la population est le meilleur outil pour éviter de détériorer notre patrimoine paysager.
Les nouveaux contextes économiques et sociaux ont un impact direct sur les paysages domestiques et ce à différents niveaux.
Principaux enjeux:
Terres agricoles:
-abandon de terres
-modifications des modes de production agricole, monocultures.
-disparition des haies, des bosquets qui séparent les terres agricoles
-disparition des clôtures traditionnelles (pierres des champs, pieux de cèdre)
-redressement des cours d'eau
-élargissement des routes, chemins de terre, rangs
-disparition des arbres en bordure des routes
- intégration de l'affichage en bordure des routes
-orientation et intégration des nouvelles constructions
Ensembles domestiques:
-uniformisation du patrimoine bâti
-détérioration et disparition des dépendances agricoles
-disparition des vergers familiaux
-banalisation des aménagements paysagers
Les percées visuelles sur la nature et la présence de beaux ensembles domestiques sont des éléments clés du paysage du Kamouraska
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