Le four à pain domestique est extérieur ou semi-intérieur attenant à l’habitation principale ou dans un bâtiment détaché appelé le fournil. Il sert principalement à la cuisson du pain, aliment de base de la famille, mais aussi à une foule d’autres besognes de la vie domestique. Les tourtières, pâtés, tartes et ragoûts de viande cuisent bien dans l’âtre du four. Et après la cuisson, le four encore chaud s’utilise pour sécher le lin avant le brayage ou désinfecter des plumes d’oiseaux de la basse-cour. On suspend des viandes à fumer devant la porte ouverte du four ou on y sèche des herbes du jardin.
Le four à pain extérieur est situé dans un endroit suffisamment éloigné de la maison pour ne pas que le vent y souffle des étincelles. Le four à pain semi-intérieur est adjacent à la maison ou au fournil, mais toujours relié à une cheminée. Les avantages du four semi-intérieur sont évidents; les travaux domestiques variés peuvent se faire sans crainte d’être incommodés par la pluie ou le froid.
Dans la région du Kamouraska, on retrouve aujourd’hui plus de fours à pain extérieurs que semi-intérieurs. Certains sont de vieux fours entretenus et restaurés, d’autres des constructions entièrement refaites.
Mode de construction :
Le four est construit avec les matériaux disponibles selon le degré de fortune ou le lieu de vie des habitants. Une surface de terre aplanie, un lit de pierres ou le flan d’un rocher sert de base naturelle. La plate-forme est faite de pierre des champs ou de pieux de bois, de cèdre le plus souvent. L’âtre est fait d’argile des berges du fleuve ou des rivières. On y ajoute du sable, des crins de cheval ou de la paille, du poil de vache ou du foin de mer. Cette mixture sert à bâtir la sole sur laquelle reposeront les pains. On trouve aussi des soles faites de pierres de champs ou de rangées de briques calées dans un mortier d’argile ou de ciment. Les portes doubles de fonte sont placées avant le montage de la voûte du four. Une grande pierre plate sert souvent d’assise aux portes. Avant le coulage des portes dans les fonderies locales, des panneaux de bois et de tôle tendus par un bâton fermaient l’orifice du four.
Une fois la base et les portes placées, on utilise des aulnes pour former le gabarit du four. Le coudrier, le hart rouge ou de jeunes bouleaux taillés pour composer un squelette sont recouverts du mélange de terre glaise et de sable. On laisse sécher la forme naturellement d’abord puis le feu allumé brûle le gabarit de bois et durcit la glaise comme une poterie. On protège ensuite le four en terre des intempéries par un abri de bois fait de planches embouvetées ou recouvert de bardeaux de cèdre.
La voûte du four de briques plus dispendieuse et plus lourde, exige une assise solide, parfois recouverte d’une maçonnerie de pierres des champs pour protéger les côtés du four ainsi qu’un abri de bois comme protection supérieure.