Fiches techniques:
La souche de cheminée
La cheminée est un élément de la maison qui nous semble aujourd'hui plutôt secondaire. Le foyer et sa cheminée portent pourtant une histoire lourde d’importance et de signification sociale.
Autrefois, le nombre de cheminées sur un toit signifiait rien de moins que l’aisance de son propriétaire. Une petite maison aux 17e et 18e siècles possédait souvent qu’un seul foyer avec une cheminée faite de matériaux communs; la brique cuite sur place ou le mortier de terre. Les plus grandes maisons possédaient deux cheminées dans les murs-pignons ou au centre de l’habitation. Les foyers sont le plus souvent en maçonnerie de pierres crépies soit avec un jambage de pierre de taille, soit avec des menuiseries ou des corniches. Pour rehausser l’image du propriétaire et par souci de symétrie, plusieurs maisons disposent même de souches de cheminées en trompe l’oeil.
La recherche du confort dans les habitations se traduit d’abord par la multiplication du nombre de foyers et de cheminées et ensuite par l’ajout de poêles de chauffage. Les poêles, importés jusque dans les années 1740, seront plus facilement disponibles localement grâce à la production des Forges du Saint-Maurice. Il n’est pas rare au début du 19e siècle de voir trois ou quatre foyers et poêles dans les grandes habitations de marchands et de bourgeois.
Petit à petit, on tend à améliorer les appareils de chauffage de la maison. Les dimensions des âtres sont modifiées pour accroître le tirage de la fumée et une plus grande réflexion de la chaleur dans l’habitation, suite aux recommandations de théoriciens anglais et américains de la fin du 18e siècle. Les poêles de chauffage seront de plus en plus performants et polyvalents avec le temps. De telle sorte, qu’au milieu du 19e siècle les foyers seront utilisés que pour la cuisson des aliments et les gros travaux ménagers.
La souche cheminée est un élément du décor important de l’habitation et constitue une témoin de la recherche de confort dans l’habitation domestique. L’entretien d’une cheminée doit se faire dans le respect du style de la cheminée selon les caractéristiques propres à son époque.
La cheminée évolue, elle est d’abord trapue, plutôt conique et sans artifices autres ; elle est faite de pierres généralement crépies. Plus tard, on améliore la protection de la tête de cheminée en y ajoutant un rejet d’eau ( cordon de pierre ) ou une dalle de couronnement. La souche de cheminée est crépie lorsque le toit est en bardeaux de cèdre. Avec l’utilisation de la tôle sur les toits, on verra apparaître des souches de cheminées recouvertes de tôles pour protéger la maçonnerie. L'utilisation de la brique pour les cheminées devient de plus en plus populaire à mesure qu'on avance dans le 19e siècle.
Au 19e siècle, l’utilisation de mitrons (extrémité du conduit en brique, en pierre ou en terre cuite) viendra faciliter l’entretien de la souche de cheminée et empêcher les infiltrations d'eau. Les nouveaux matériaux introduits dans la maçonnerie permettent également des ouvrages plus étanches et plus résistants. Au niveau de l’ornementation, les souches de cheminée seront repensées et se feront parfois très élégantes, élancées et modelées de différentes façons, particulièrement à l’époque victorienne.
Souche de cheminée de maçonnerie de pierres crépies avec un couronnement et un mitron
Souche de cheminée en maconnerie recouverte de tôle à la canadienne
Principaux problèmes:
- joints de mortier effrités
- signes de dislocation et d’affaissement
- dégradation du couronnement ou des mitrons
- pierres ou briques cassées ou manquantes
- infiltration d’eau et présence de poudre blanche (efflorescence) sur la maçonnerie
Principes généraux à respecter:
- s’assurer les conseils de professionnels du bâtiment, architectes, maçons, entrepreneurs spécialisés en restauration
- on ne devrait jamais enlever une souche de cheminée sur une habitation de façon à préserver l’intégrité de la construction
- on doit essayer d’intégrer les nouveaux modes de chauffage aux anciens conduits de façon à limiter les modifications
- l’apparence extérieure d’une souche de cheminée doit être compatible avec son époque, tant au niveau de la dimension, de l’emplacement et des matériaux utilisés.
Pour en savoir plus:
Les foyers et cheminées, Guide technique no 12. Maître d’oeuvre. Ville de Québec. 1991. 23 p.
Entretien et restauration. De la fondation à la toiture. Conseil des monuments et sites du Québec, Héritage Montréal, 1985. 66 p.
Marcel Moussette, Le chauffage domestique au Canada, des origines à l’industrialisation. Québec, Les presses de l’Université Laval, 1983.