Fiches techniques:
Le bardeau de cèdre
Le bardeau de cèdre est le revêtement de bois le plus utilisé en milieu rural depuis le 17e siècle. Installé sur les toits, sur les murs, sur les pignons des maisons de pierre et de bois ou sur les dépendances, sa popularité est manifeste jusqu'au début du 20e siècle. Sa longévité lui vient de la nature du bois; le cèdre résiste particulièrement bien à l'humidité et aux rigueurs du climat nordique. Plus rarement, le bardeau se fait aussi avec du pin.
Le fendage à la main des billes de cèdre est le plus ancien mode de fabrication du bardeau. À partir du début du 19e siècle, suite à l'invention de la scie à bardeaux, des moulins fabriquent le produit sur une échelle industrielle. Le bardeau de cèdre décoratif fait ensuite ses premières apparitions grâce à la scie à ruban qui permet de découper des formes courbes et biseautées.
Le cèdre blanc du Québec et le cèdre rouge de l'Ouest sont les deux essences les plus utilisées. Autrefois, le bardeau des murs était chamfreiné pour assurer sa longévité; la partie du bas taillé en biseau agit alors comme casse-gouttes lors de l'écoulement des eaux pluviales. On clouait généralement le bardeau sur un revêtement intermédiaire ou sur des lattes, placées sur les pièces de bois du mur. Pour rendre plus étanche, on prenait soin de mettre de l'écorce de bouleau entre les deux parois et plus tard du papier goudronné. Sur les toits, les bardeaux étaient cloués sur des planches de pin posées à l'horizontale.
La qualité du bardeau et la technique de pose assurent sa durée de vie:
Croquis d'un bardeau de cèdre posé sur un revêtement de bois
-le bardeau sans noeuds de qualité première est plus résistant, mais on peut aussi utiliser sans crainte la seconde catégorie (A-extra, B-clair)
- un bardeau posé sur un mur sera plus résistant qu'un bardeau posé sur une toiture à 45 degrés
-la technique de pose sur un mur se fait maintenant toujours avec des fourrures pour la ventilation et un papier goudronné
-la technique de pose sur un mur se fait maintenant toujours avec des feuilles de contreplaqué, l'ajout d'un papier goudronné et même d'une membrane plastifiée.
Respecter l’intégrité:
Le revêtement des murs et des toits a pour but premier de protéger la charpente, mais il est aussi un élément esthétique important dans l’architecture du bâtiment.
Les revêtements des murs et des toits s’avèrent les parties les plus vulnérables d’un bâtiment. En plus d’être soumis aux intempéries, ils sont sujets aux changements lorsque de nouvelles modes et technologies apparaissent sur le marché. Un revêtement ne reflète pas toujours l’époque de construction, il peut avoir été changé afin de remettre le bâtiment «au goût du jour».
Un revêtement traditionnel entretenu de façon régulière se conserve plusieurs décennies. Les revêtements de bois sont durables et simples à entretenir. Les bardeaux sont parfois peints ou teints pour les protéger de l’eau et du soleil et souvent laissés à l’état naturel sur les toitures et les dépendances.
Maintenir ou remplacer '
Il est souhaitable de conserver et de maintenir le revêtement d’origine du bâtiment plutôt que de le remplacer. Il arrive que plusieurs types de revêtements subsistent sur un même bâtiment. Il faut tenir compte de l’évolution de l’ensemble du bâtiment pour choisir le bon type de revêtement. La plupart des matériaux d’origines peuvent être reproduits par un artisan. Sinon, à défaut de remettre en état le revêtement d’origine, un matériau utilisé à la même époque que l’ancien doit être privilégié.
Les planches cornières sur les
bâtiments anciens sont des éléments décoratifs importants qu’il faut veiller à
conserver et remettre en état.
À éviter:
Pour les murs: les imitations de planches à clin en métal ou en plastique, la brique
Pour les toits: les tôles de grange rainurées, les bardeaux en asphalte trop larges
Alternatives:
Pour les murs: planches verticales embouvetées avec ou sans couvre-joint, planches à clin de bois ou planches à feuillure
Pour les toits: les bardeaux d'asphalte ne devraient pas être utilisés sur un bâtiment à caractère patrimonial ayant une importance majeure ou se trouvant dans une zone sensible.
Pour les autres bâtiments, les bardeaux d'aphalte à tons variables imitant la dimension du bardeau de cèdre sont des compromis acceptables. Utilisés dans des tons de gris ou de brun, ils imitent davantage que les autres modèles l'apparence du bardeau vieilli par le temps. Ils sont très préférables aux bardeaux d'asphalte unis, à motifs arrondis ou divisés en grands rectangles.
La tôle en feuille découpée et assemblée à motif à baguettes ou à la canadienne peut être faite par des couvreurs spécialisés, ce matériau est plus durable, mais aussi plus dispendieux.
De nouveaux produits composites faits de matériaux recyclés imitent le bardeau de cèdre et se retrouvent sur le marché depuis quelques années, informez-vous !
Pour en savoir plus:
Dufresne, Michel. « Les revêtements traditionnels et la question des enduits ». Continuité no 19. Printemps 1983.
Le Journal du Bois, Les bardeaux de cèdre au Québec. Historique et fabrication des bardeaux en cèdre blanc no. 41, juillet-août 1997.
London, Mark, Baird, Cécile avec la collaboration de Dinu Bumbaru, Les revêtements traditionnels, Entretien, réparation, remplacement. Héritage Montréal, Ministère des Affaires Culturelles du Québec, 1986, 63 p.
Les revêtements de bois. Guide technique no 9, Maître d’oeuvre, Publication de la Ville de Québec,1989, 23 p.
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