Comment documenter un bâtiment

Quel était son aspect d’origine

La meilleure façon de connaître l’aspect d’origine d’un bâtiment est de rechercher des photographies anciennes. Une recherche photographique peut se faire à partir des noms des propriétaires précédents ou de façon plus générale à partir des fonds photographiques du village ou de la paroisse. On peut trouver une vieille photographie d’un bâtiment dans des fonds privés ou publics. À défaut de trouver la photographie précise du bâtiment en question, on peut travailler par analogie. En s’inspirant des autres bâtiments de la localité, pour des balustres de galerie ou des chambranles de fenêtres par exemple, on peut identifier les formes alors à la mode à l'époque. Il s’agit de s’informer auprès de la société d’histoire de votre région pour connaître les ressources photographiques disponibles sur le territoire.

Les photographies anciennes en noir et blanc peuvent révéler l’aspect extérieur d’un bâtiment sans toutefois résoudre la question des couleurs d’origine, ou la forme exacte d’une moulure, sans compter l’aspect d’origine du décor intérieur. Une recherche plus fine encore s’avère nécessaire.

Retracer le décor d’un bâtiment signifie aussi être à l’affût des traces laissées par les moulures ou les anciennes couleurs sous les couches de peinture plus récentes. Une telle recherche peut mettre à jour des éléments d’origine qu’on pourra remettre en état, ou dont on pourra s’inspirer sans craintes de trahir l’esprit du bâtiment.

 À qui s’adresser pour documenter un bâtiment

Il existe plusieurs ressources à votre portée dans votre localité. Si vous désirez avoir de l’information pour être en mesure d’effectuer les recherches ou faire exécuter des recherches sur un bâtiment, la société d’histoire de votre région est la meilleure alliée pour vous orienter dans vos recherches.


Sur le territoire du Kamouraska, la Société historique de la Côte-du-Sud et le Centre d’archives de la Côte-du-Sud ont pignon sur rue à La Pocatière, dans le sous-sol du Musée François-Pilote. Plus de 30 000 documents photographiques informatisés sont disponibles aux chercheurs, sans compter des archives privées, des documents micro-filmés et des ouvrages traitant d’histoire régionale et de généalogie. Un personnel qualifié vous informe sur place des moyens disponibles pour procéder à une recherche.


Le Bureau de la publicité et des droits situé à Saint-Pascal détient tous les documents notariés reliés au cadastre des paroisses et municipalités depuis 1842.


L' Ancien Palais de Justice dans le village de Kamouraska offre aux familles ayant des ancêtres dans la seigneurie de Kamouraska, de découvrir l'histoire et l’origine des lots du village et de la paroisse de Kamouraska à partir de la documentation rassemblée dans une banque de données accessible sur place.

Qui l’a construit À quelle époque


Quel que soit le bâtiment: une maison, une dépendance, un moulin; les questions sont les mêmes. Une recherche sur les anciens propriétaires de ces édifices permet de résoudre une partie de ces interrogations.

Procédure à suivre

Première étape

D’abord, il s’agit de trouver des informations à partir du numéro du lot du cadastre officiel du village ou de la paroisse en question. Les noms des anciens propriétaires peuvent être retracés ainsi jusqu’en 1842, année ou entrée en vigueur d'obligation d'enregister les contrats concernant la mutation des terres. Pour ce faire, il faut se rendre au Bureau de la publicité foncière des droits de la municipalité régionale du comté. Une partie de la recherche peut aussi s'effectuer chez soi, par internet sur le site de l'organisme.

Deux registres existent pour accomplir cette recherche. Le premier est un registre cadastral dans lequel on effectue une recherche à partir du numéro de lot du cadastre. Ce registre existe depuis à peu près 1890. Avant cette date, il faut consulter un autre registre qui lui, est au nom des personnes concernées, les numéros de lots n'existant pas encore à cette époque.


On consulte d'abord le registre cadastral, qui par le numéro de lot nous donne accès aux diverses transactions qui le concernent. On commence par la toute dernière transaction, on note le numéro d'enregistrement, pour ensuite consulter le contrat lui-même dans les registres. Dans chacun des contrats consultés, on peut retrouver le nom de l'ancien propriétaire, l'année d'acquisition, et souvent le nom du notaire et le numéro de l'ancien acte d'acquisition. Par, le numéro mentionné au contrat, on peut consulter l'acte suivant et retracer le propriétaire précédent. C'est ce qu'on appelle une chaîne de titres. Il arrive quelquefois que ces informations ne soient pas précisées dans le contrat. Si le notaire n'a pas précisé le numéro du contrat d'acquisition de la terre, il faut procéder autrement. Le registre cadastral ainsi que le registre aux noms nous sont utiles pour reprendre le fil de la chaîne de titres.


Si le dernier contrat date des années après 1890, on retourne d'abord au registre cadastral. On cherche alors à notre numéro de lot un acte passé avec le nom du dernier propriétaire trouvé. Sinon, on passe au registre par nom, ce qui peut s'avérer long, mais possible. On cherche un contrat passé au nom de notre dernier propriétaire, en faisant bien attention de ne pas se tromper, ni de propriétaire ( surveiller les mentions sur les professions ou les époux et épouses), ni de terrain (surveiller les noms des voisins). Il faut faire attention pour remonter la bonne chaîne de titres. Arrive parfois le moment où une terre est subdivisée sans que les divisions soient numérotées. Exemple: notre terrain porte le numéro 100.15. En remontant la chaîne de titre nous arrivons à l'époque où le .15 n'exite pas et où on mentionne le lot 100 avec des parcelles non-numérotées. Il faut prendre le temps de vérifier les noms des voisins qui bornent pour ne pas faire la chaîne de titre du terrain adjacent le nôtre. Si la maison ou le bâtiment concerné est construite avant la création des Bureaux d'enregistrement appellés aujourd'hui Bureau de la publicité foncière et des droits, vous devrez vous rendre au centre d'archives le plus près de votre localité pour consulter les greffes de notaires qui y sont conservés. Avec le nom du dernier propriétaire, si possible le nom du notaire avec lequel il a contracté pour obtenir le terrain où se trouve le bâtiment, tout devrait bien se dérouler. Sans le nom du notaire, il faudra consulter l'index des notaires ayant exercé sur le territoire et la démarche sera plus longue. Mais, vous pourrez ainsi remonter jusqu'à l'établissement des premiers occupants.

Deuxième étape

Dans un deuxième temps, il s'agit d'analyser les informations contenues dans les différents contrats consultés.

Les contrats de vente du lot cadastral permettent de retracer les bâtiments existants sur le terrain; par contre les détails mentionnés varient alors d’un notaire à un autre.

Les contrats de mariage, les inventaires de biens après décès, les testaments des membres de la famille s’avèrent eux-aussi une source d’information intéressante pour mieux connaître le mode de vie, les professions et les biens possédés des propriétaires. Les donations ou legs testamentaires précisent souvent la nature du bien légué et permettent aussi de retrouver des contrats plus anciens passés chez d’autres notaires. Finalement, les recherches sur le lot cadastral permettent parfois de trouver une mention d’un marché de construction.


Le marché de construction est un outil précieux, qui règle et fixe la construction d’un bâtiment entre deux parties. On retrouve des marchés de construction pour certaines maisons et les bâtiments industriels d’importance, plus rarement pour des dépendances, à moins que leur ampleur le justifie. Ce type de contrat entre le futur propriétaire et l’artisan-constructeur détermine la nature du « gros ouvrage », le mode de construction des murs et du toit, le nombre d’ouvertures ( fenêtres et portes), la division des pièces intérieures, le nombre d’escaliers, la hauteur de la cave, la finition des murs intérieurs et extérieurs et parfois des précisions sur les décors extérieurs des fenêtres, des portes et des galeries.

En l’absence de contrats notariés, lorsqu’il est impossible de dater précisément un bâtiment, son mode de construction et les matériaux utilisés peuvent fournir des indices pour le situer à l’intérieur d’une décennie approximative. Les assemblages des murs et du comble, les dimensions et la nature des pièces de bois utilisées ainsi que la manière dont elles ont été assemblées et clouées, équarries ou sciées, donnent des indices de l’époque ou le bâtiment a pu être érigé.


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